En voilà un sujet largement documenté notamment depuis les années 2000 (+ 5800 publications scientifiques sur Pubmed !).
L'intérêt croissant pour les effets variés de la vitamine D fait augmenter les connaissances mais aussi la confusion autours de la supplémentation en cette vitamine.
En Belgique, les valeurs normales de vitamine D (D2 et D3) en dosage sanguins sont : 30 - 60 microg/L et jusqu'à 80 en cas d'ostéoporose (Synlab).
En revanche, certains médecins considèrent ces valeurs comme trop faibles et automatisent la supplémentation en vitamine D toute au long de l'année chez le tout public.
La densité des études et leurs résultats parfois très contradictoires, avec cette position de supplémentation au quotidien toute l'année met nombre de personnes dans le doute. Alors quoi faire ?
J'explique très souvent mon point de vue sur la supplémentation en vitamine D en particulier dans le cadre spécifique de l'ostéoporose.
Voici ma position actuelle argumentée qui ne prétend aucunement être LA juste réponse. Cette position évoluera sûrement au fur-et-à-mesure des discussions et des avancées scientifiques.
1. La vitamine D, c'est quoi ?
Sous l’appellation de vitamine D, deux molécules biochimiques (1) :
- L’ergocalciférol ou vitamine D2 présente dans l’alimentation d’origine végétale (céréales mais également champignons, levures);
- Le cholécalciférol ou vitamine D3 produite par la peau sous l’action des rayons ultraviolets (80% de notre vitamine D) mais on le trouve également dans des aliments d’origine animale (poissons gras, aliments lactés enrichis). La synthèse de vitamine D par la peau dépendra du temps d'exposition, de la zone géographique, l'âge, de la couleur de la peau etc (2).
La vitamine D est une molécule liposoluble, autrement dit elle a une affinité pour les graisses dans lesquelles elle est stockée. A la différence des vitamines dites hydrosolubles comme la vitamine C qui sont éliminées par les reins si en excès. De là, nous comprenons que la vitamine D peut se retrouver en excès dans notre organisme si ingérée en trop grandes quantités (sous forme de compléments) ou en cas de pathologies. On parle d'hypervitaminose.
2. Actions de la vitamine D dans la corps.
Considérée comme une molécule messagère au même titre qu'une hormone et pouvant agir à différents endroits dans l'organisme avec de nombreuses et pertinentes actions : immunomodulation, neuroprotection, équilibre différenciation/prolifération (d'où son utilisation par certains oncologues dans les traitements des cancers) et sur l'homéostasie calcique (os). Voir schéma issu de la publication (1).
Dans ce dernier cas, la forme active de la vitamine D (1,25-dihydroxyvitamine D) augmente la capacité d’absorption du calcium par l’intestin, diminue sa fuite urinaire et mobilise le calcium osseux (1).
3. Supplémentation dans le cas spécifique de l'ostéoporose.
La synergie d'une supplémentation en calcium et en vitamine D est devenue classique chez la femmes de +/-50 ans en péri-ménopause ou ménopause (3). Le but est de réduire la porosité osseuse consécutive à la chutes des hormones sexuelles féminines (œstrogènes et progestérone).
Dans ce cadre de prévention de l'ostéoporose :
- La calcium est généralement donné à l'année à raison de 1000 à 1200 mg/jour (4);
- Pour la vitamine D, les quantités proposées en supplémentation varient de 600 à 2000 IU/jour. En revanche, il semble difficile de trouver dans la littérature si cette supplémentation doit se faire à l'année.
4. Mon point de vue actuel.
En tant que naturopathe, je travaille sur l'hygiène de vie globale. Par conséquent, j’invite mes consultantes à être en mouvements (en fonction de leurs capacités physiques) et à aller le plus possible en extérieur. Chaque jour, toute l'année, au minimum 30 minutes aller sur un banc, aller marcher, courir, dans le jardin... contribue non seulement à oxygéner le corps mais aussi à favoriser la fameuse synthèse de vitamine D par la peau.
Je ne conseille donc pas une supplémentation systématique à l'année mais de faire contrôler au moins 2x/an les taux sanguins de vitamine D. En Belgique, les automnes et hivers sont très gris donc il faudra surement supplémenter plus longtemps que dans le Sud de la France. En moyenne: octobre à avril.
Pourquoi ne pas supplémenter toute l'année ?
- Pour favoriser l'exercice/être dehors !
-Parce qu'un excès de vitamine D associé à une supplémentation en calcium génère un risque d'hypercalcémie dans le corps (augmentation de l'absorption intestinale de calcium et résorption osseuse excessive). L'intégrité des reins peut aussi être engagée.
A ce sujet, j'avais eu une discussion intéressante avec une femme médecin spécialiste de l'ostéoporose exerçant sur Verviers. Elle n'était pas alignée avec ses confrères et consœurs qui prônent la supplémentation en vitamine D à fortes doses tout au long de l'année, y compris dans le cadre de l'ostéoporose.
Bien qu'à nuancer, une étude questionne cette supplémentation systématique (EP Paschalis et al., 2017) en soulignant la potentielle altération des structures osseuses (5).
A noter que dans certains cas bien précis, une forte supplémentation en vitamine D peut s'avérer pertinente sur un temps défini (psoriasis, cancers etc) mais toujours sous le contrôle des professionnel.e.s averti.e.s.
5. Synthèse.
- Calcium : 1000-1200 mg/jour + calcium alimentation à l'année;
- Vitamine D3 (25-OH-D)/K2 dans de l'huile (K2 étant un cofacteur nécessaire à l'assimilation/actions de la vitamine D3): 800 à 2000 UI/jour de octobre à avril SELON les résultats sanguins.
A ce jour, je ne conseille pas une supplémentation en vitamine D si pas de carences et valeurs dans la médiane haute (50-60 microg/L).
La prise de la vitamine D doit se faire au cours d'un repas pour une bonne assimilation et éloignée du café, alcool, tabagisme.
L'alimentation est un pilier central dans l'accompagnement holistique de l'ostéoporose. D'autres aides naturelles peuvent être nécessaires au cas par cas et évolutif dans le temps: phytothérapie, magnésium, phyto-hormones, gestion du stress, gestion du poids etc...
Peggy Naturopathie
Références (bien d'autres existent !):
(1)Publication en français d'E.Tissandié et al., 2006 : https://www.medecinesciences.org/.../medsci20062212p1095...
(3) A. Capozi et al., 2020 : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32972636/ ; ML Ma et al, 2022 : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36033779/
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