Il y a deux ans, j'ai rencontré un magnifique cerf sur le chemin sur lequel je courrais. Un cerf imposant de par ses ramures et sa majesté. Il a relevé la tête, m'a observée quelques longues secondes, puis a rejoint la forêt tranquillement. Quelques temps plus tard, je fis la délicate rencontre avec une biche. Les yeux dans les yeux à seulement quelques mètres, comme si chacune se découvrait et essayait de communiquer quelque chose à l'autre. Un moment d'émerveillement total.
Il y a une semaine, j'ai vu malgré moi trois jeunes cerfs abattus à la chasse dans la remorque d'un flamand venu se distraire le temps d'un week-end. Je ne parlerai pas de la chasse ancestrale, celle pratiquée avec respect et qui honore l'animal tué. Je ne suis pas offensée par le chasseur isolé qui monte dans la montagne à l'aube et descend le chamois mort sur ces épaules. Ce chasseur qui, dans la vastitude de l'espace naturel, tente d'obtenir une proie. Ce chasseur qui utilisera chaque partie de l'animal, tel que cela était pratiquée par ces aïeux. Je ne parlerai pas de cette chasse qui reste connectée avec l'équilibre de la Nature. Non, je vais parler de celle imposée chaque automne sur le minuscule territoire des Ardennes belges. Celle ordonnée à tout.e.s en barrant les sentiers vélo et randonnée. Celle qui affolent les animaux d'élevage ou domestiques et fatigue nos oreilles de coups de feu incessants. Celle qui inonde de balles perdues les pauvres forêts des Ardennes déjà à l'agonie. Une chasse injuste où les règles du jeu sont pipées : des dizaines (ou plus) d'hommes et leurs chiens pour encercler quelques pauvres cervidés pris en otage, sans aucun moyen de s'échapper. Et puis, ce que je nomme la "chasse de masse", pourquoi ? Pour se nourrir alors que les rayons des supermarchés sont surchargés de viandes et dérivés ? Pour faire des vêtements en peau alors que la fast fashion pullule dans les magasins ? Ou, pour avoir un trophée avec toute la symbolique virile qui va avec (surtout si le trophée est un cerf) ? Pour passer le temps, un banal loisir entre copains ? Chasser sous couvert d'être un acteur essentiel l'équilibre de l'écosystème des "forêts" ardennaises ? Faut-il rappeler que si l'humain n'avait pas rogné de toute part sur cet incroyable écosystème, il n'y aurait pas besoin qu'il intervienne en maitre abusif sur celui-ci ?
Alors aujourd'hui, en entendant les cornes de chasse et les coups de feu, j'ai levé la tête vers le ciel et écouté le doux ballet des grues cendrées. Elles ont apaisé mon cœur de ce douloureux constat qui m'accable depuis toute petite : pourquoi l'humain est-il si déconnecté du vivant qui l'entoure ? Quand retrouverons-nous notre vraie nature ? Celle qui s'imbrique harmonieusement dans l'espace Terre que nous partageons avec des milliards d'autres espèces microbiennes, animales et végétales ? Aujourd'hui, les grues cendrées m'ont rappelé que nous sommes de plus en plus nombreux.ses à vouloir retrouver cette harmonie ancestrale avec le reste du vivant.
La vision du grand Cerf, symbole de la supériorité spirituelle, de pacifisme et de fertilité m'invite à poursuivre mon chemin sans essayer de combattre l'absurde. Car, l'absurdité des humains égotiques et déconnectés conduit déjà à leur dégénérescence. La vision de la Biche, symbole de douceur, de générosité et d'abondance, m'invite quant à elle à croire au changement absolu de la destinée humaine sur Terre. Ces rencontres significatives sollicitent toujours plus de m'engager dans mon propre changement absolu. Le changement vers l'équilibre et l'harmonie de la Vie.
(Texte et photo : Peggy Naturopathie - Illustration : Caroline Manière).
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