Un sujet récurrent que celui des rôles dans lesquels nous nous immergeons tout au long de sa vie et des différents masques que nous portons.
Nous sommes nombreux.ses à porter des masques et à créer des rôles dans nos vies. Au travail, avec les ami.e.s, en famille. Le rôle de thérapeute, le rôle de père, le rôle de la gentille amie, le rôle de conjoint protecteur... Comme si cela était programmé en nous.
Il convient de différencier l'adaptation qui implique un ajustement de nos comportements aux situations/personnes (et donc connecté à la réalité) et la sur-adaptation avec des masques (en lien avec l'imaginaire, les fantasmes).
Adapter son comportement est une condition indispensable pour cohabiter avec les autres. C'est une réaction de survie archaïque pour des êtres sociaux comme les humain.e.s.
En revanche, les masques sont des protections depuis l'enfance et peuvent constituer une entrave à notre vie. Par crainte du rejet, de l’abandon, de l'humiliation, d'être trahi.e ou d'avoir à vivre une situation d'injustice (Lise Bourbeau), nous sommes parfois prêt.e.s à tout pour éviter être en dehors des groupes auxquels nous voulons appartenir. Même si ces groupes ne nous conviennent pas voire sont néfastes.
Ces masques sont hérités de notre famille et de la société dans laquelle nous grandissons. Pas de surprise, cette société est truffée de supposés idéaux comportementaux, de stéréotypes, des violences qui ont imprégnées l’inconscient collectif. Pas de surprise non plus côté famille où les attentes, les douleurs relationnelles façonnent parfois sur des générations des attitudes personnelles inadaptées.
On ne peut donc plus parler d'ajustement sain au(x) groupe(s), mais de sur-adaptation toxique. Car dès lors, nous entravons notre authentique "nous" pour être en parfaite en adéquation avec ce que l'on pense attendre de nous.
Les masques sont des stratégies comportementales (verbales ou non verbales) pour correspondent à l'image idéale à laquelle nous estimons devoir correspondre.
Ce sont des ruses parfois subtiles que nous utilisons pour parvenir à réussir dans notre vie. Le spectre d'une vie faite de réussites matérielle, financière, sociale et familiale est omniprésente dans le monde.
Nous avons tout.e.s envie d'être épanoui.e.s et heureux.ses. Les masques et les histoires que l'on se racontent sont censées être là pour que nous parvenions à ce bonheur ultime.
Sauf que cette stratégie de sur-adaptation vient de nos peurs les plus profondes, de nos blessures les plus tenaces. Poser chaque jour des masques sur notre âme va finalement nous enchainer à une vie de contraintes.
Il convient un jour de regarder en soi et de se demander : " Je me raconte quoi là ? Est-ce que ce que je montre au monde est vraiment aligné.e avec mon authentique "moi" ? Quand est-ce que je porte des masques pour rentrer dans des cases (qui ne me conviennent pas) ? Pour correspondre à ce que mes parents attendaient de moi ? Pour que mon groupe de méditation voit à quel point je suis zen en toute situation ? Pour que l'on pense que je suis un.e personne d'exception, implacable dans mes connaissances et inébranlable émotionnellement ? C'est quoi ce masque d'homme virile et protecteur ou celui de la femme douce et gentille ?
Il est soulageant un jour de délester ces masques qui nous torturent pour accéder à notre véritable essence. Afin d'être en accord entre ce que nous exprimons, ce que nous pensons et ce que nous faisons.
Pour cela, nous devons trouver l’honnêteté de s'avouer que nous nous sommes raconté.e.s des histoires.
Trouver la force de reconnaitre que l'on a suivi ce que l'on attendait de nous ou d’avoir imaginé des comportementaux idéaux que personne ne nous avait pourtant demandé d'adopter.
C'est admettre qu'une partie de notre vie, nous avons été à côté de nous-mêmes parce que nous avions peur.
Les masques tombent, nous sommes un peu dénudé.e.s, il n'y plus de scénarios pré-établis.
Il n'y a plus tous les multiples de scénarios ficelés dans nos têtes qui devaient garantir notre succès dans la vie et notre parfaite sécurité.
Il faut alors apprendre à être avec soi-même et les autres dans toute notre vulnérabilité et mais aussi puiser dans nos potentiels inexplorés.
Faire confiance que ce scénario que nous n'écrivons pas est celui qui doit être vécu. Que ce scénario parfaitement inconnu de notre mental apportera son lot de difficultés mais aussi beaucoup de satisfactions.
Faire ce choix de déposer les masques et stopper de contraindre le flux de nos vies est sûrement un des plus merveilleux cadeaux que l'on puisse s'offrir.
Peggy Naturopathie - Illustration : Viola (?)
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