🥀Je suis (aussi) cette autre🌹

Ce matin-là, j'avais cette boule en moi prête à imploser.

Cette colère venue de nul part qui se mélangeait étrangement à une forte vulnérabilité.

Rien n'échappe depuis quelques jours à mon "radar" de la critique et à mon hypersensibilité.

Des chiens qui n'ont de cesse d'aboyer et siphonnent mes oreilles et ma patience, en passant par le désespoir de voir autant de déchets dans les rivières et forêts, d'observer avec agacement les personnes passives qui se plaignent en permanence sans amorcer la moindre remise en question et changements dans leur vie ou de ruminer le déni de certain.e.s contemporain.e.s à voir ce monde à l'agonie, pensant que rouler en voiture électrique est un noble geste pour notre planète. J'avais envie de leur cracher aux visages leur ignorance volontaire si confortable et leur stupide discipline à respecter les règles imposées par les pires tortionnaires du monde sans broncher. J'avais envie de crier que cette "merde collective" dans laquelle nous baignons, c'est bien parce que nous laissons toute notre souveraineté à disposition du pouvoir de l'ombre.

Et puis cette profonde tristesse de ressentir la douleur des zones meurtries sur Terre pour satisfaire la folie d'une poignée d'humain.e.s fait d'une autre substance que celle de l'Amour Universel. Ceux/celles qui ravagent tout et contemplent avec satisfaction les immenses gains financiers générés par des états de guerre et de "stratégies du choc (*)".

J'avais envie de hurler cette sourde colère à toutes les personnes ordinaires tellement irrespectueuses de la Vie. J'avais aussi envie d'envoyer une onde destructrice aux manipulateurs.rices les plus cruel.le.s sur Terre pour qu'iels disparaissent dans un trou béant, que leurs âmes de désincarnent pour toujours afin de rétablir un juste équilibre de paix et d'harmonie.

Ce matin-là, les évènements étaient passés au crible de mon mental ombragé par des pensées lancinantes que je voulais absolument repoussées de toute mes forces. Bien sûr, sans y parvenir.

Encombrée de ces nuages foncés concernant aussi bien des éléments "sans importance" de la vie quotidienne que des considérations majeures impactant le collectif, j'étais en lutte avec moi-même, me reprochant d'être injustement critique, me blâmant d'envoyer à l'Univers des énergies négatives.

Mue par la culpabilité et la fatigue, je décidais de m'accorder une pause dans ce tumulte énergétique et mental. Une trêve de quelques secondes à peine permettant cependant à la douceur d'entrer dans mon cœur. Et d'autoriser une voix d'ange me murmurer : " Lâche, lâche, lâche ... autorise-toi à être traverser par ses ressentis, permet-toi de dire et déposer ce qui t'encombre ".

Accueillir sa part d'ombres n'est pas facile. On le lit ou l'entend tellement souvent en spiritualité, mais c'est quoi le mode d'emploi ?!

En prenant conscience que j'avançais vers mon archétype de la Sorcière avec un grand besoin de silence, de nettoyages et d’introspections, et en reconnaissant que l'époque dans laquelle nous grandissons est faite de saisissants contrastes (tant avec des perspectives d'effondrement que d'incroyables renaissances), j'ai enfin admis que je ne pouvais pas lutter contre cet état. C'est peut-être cela accueillir : c'est permettre à ses émotions et ressentis de nous traverser pleinement, jusqu'à ce que l'homéostasie émotionnelle se rétablisse. C'est laisser l'Eau du raz-de-marée nous submerger jusqu'à prendre conscience qu'elle nous a en réalité lavée. Le Métal nous heurter pour apprendre à danser sur les difficultés. La Terre nous ensevelir pour faire germer notre plein potentiel. Le Vent nous bousculer pour davantage s'ancrer. Autoriser le Feu nous consumer pour que le Phénix reprenne naissance.

Accueillir sa part d'ombres, c'est s'incarner pleinement avec son humble authenticité dans un monde complexe en changement permanent. Car cette manifestation froide et sombre de notre personnalité, blâmer de toute bonne conduite sociale et spirituelle, c'est aussi mon autre. C'est ce qui fait ma compassion et mon altruisme, ce qui dessine ma joie et fait résonner mon rire, ce qui fait aide à délaisser des projets obsolètes pour créer du nouveau. C'est ce qui contribue à l'équilibre des flux d'énergies dans mon être et autours de moi.

Entre mon besoin intérieur de femme de laisser davantage l'espace à l'archétype de la Sorcière afin de plonger dans ma fertile noirceur, et ma nécessité extériorisée d'humaine de vivre pleinement tous les ressentis liés à la période d'évolution collective que nous traversons, je terminais mon théâtre mental sur l'acceptation.

Je laissais alors entrer en moi la sérénité retrouvée et marchais plus confiante que jamais.

(Peggy Naturopathie - Artiste : inconnu.e - (*) " La Stratégie du choc" de Naomi Klein).