Au travers mes consultations, un des exemples récurrents de charge mentale est l'alimentation.
Balloté.e.s entre des théories contradictoires, nous délaissons notre bon sens de survie et de plaisirs, ne sachant plus quoi ni comment manger.
Dans notre pays d'abondances et de grande diversité alimentaire, ce trop-plein semble presque problématique. Quelles quantités, quelle qualité ? Quoi de bon pour mon corps et celui de mes enfants ? Comment manger en respectant nos écosystèmes ? Mes douleurs ne viendraient-elles pas du chocolat que je mange le soir ? Et puis, ce n'est pas éthique le travail dans les plantations de cacao ?
La charge mentale "alimentation" s'additionne à la charge mentale "éducation", à la charge mentale "minceur et du tonus du corps", à la charge mentale "respect des êtres humain.e.s et des écosystèmes", à la charge mentale "productivité et efficacité", à la charge mentale "sortir du capitalisme mondialisé, retour au local", à la charge mentale "je devrais faire mon jardin" (mais je n'ai pas le temps), à la charge mentale "zéro déchet", à la charge mentale ... La liste est infinie. Si les conscientisations sont indispensables tant pour une évolution (supposée bénéfique) individuelle que collective, les charges mentales - elles - rongent et immobilisent.
Mais quelle est donc la frontière entre les deux ? La culpabilité.
Ce sentiment qui pousse à baisser les bras avant même d'avoir tenté, à avoir honte, à ne pas se sentir capable, à se faire (injustement) des reproches.
S'imposer des standards de vie pour atteindre des buts d'éthiques, d'éco-responsabilité, d'éducation bienveillante ou encore tant d'autres, n'a aucun sens. Les conscientisations se transforment alors une quête de perfection de vie dans le moindre détail du quotidien.
Mais c'est un pur diktat contemporain (de pays riches), aussi peu nutritif que les tomates premier prix du supermarché.
C'est une quête stérile qui détruit dans l’œuf toute initiation personnelle de création et de changement. Les charges mentales et les contraintes, souvent auto-imposées, sont même de puissants inhibiteurs d'actions suite au processus de conscientisation.
Dès lors, mieux vaut fermer les yeux et rester dans le déni, c'est plus simple.
Car les montagnes que l'on s'imposent de franchir sont trop hautes, elles sont même parfois infranchissables. Et si ces montagnes pentues, il suffisait de les transformer en collines ou en pâturages verdoyants ?
En s'offrant une pause, en réajustant ses ambitions en fonction de ses possibilités, en réalisant ce qu'il possible de faire dans l'instant ou en se permettant de ne rien faire pendant un moment.
Ce n'est pas s'en foutre du monde ou être une mauvaise personne que de se dire "stop, break !"
La culpabilité ne doit pas s'inviter à la table du merveilleux processus des changements conscients.
Parfois, juste être là, ancré.e, paisible et conscient.e suffit amplement plutôt que vouloir faire à tout prix au risque de s'épuiser.
Chaque prise de conscience, puis chaque changement se fait par petites touches.
Avec indulgence mais détermination.
Se libérer des charges mentales seraient peut-être l'effort majeur à fournir pour avancer au plus juste dans la vie avec soi et les autres.
Avec compassion, Peggy Naturopathie - Illustration libre de droits.
Comments